L’OMS méprise l’État de droit international

UNCUT-NEWS – 17 mai 2024

Cette semaine, le Groupe de travail sur la révision du Règlement sanitaire international (WGIHR) poursuivra son huitième cycle de négociations les 16 et 17 mai, à peine 10 jours avant la 77e Assemblée mondiale de la Santé (AMS), le 27 mai, où l’ensemble des des projets d’amendements seront votés. Des scientifiques, des parlementaires et la société civile du monde entier ont exprimé leur inquiétude quant au fait que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et le WGIHR ne respectent pas leurs propres règles de procédure en vertu de l’article 55.2 du RSI (2005), qui exige une période d’examen de quatre mois avant qu’une décision soit prise. vote.

Modifications de l’article 55

1 Des modifications à ce règlement peuvent être proposées par tout État contractant ou par le Directeur général. Ces modifications proposées seront soumises à l’Assemblée de la Santé pour examen.

2 Le texte de tout amendement proposé est communiqué par le Directeur général à tous les États parties au moins quatre mois avant l’Assemblée de la santé à laquelle l’amendement est proposé pour examen.

Cette situation étrange peut paraître incompréhensible à beaucoup. Les délégations de négociation et les représentations des pays sont certainement composées d’éminents diplomates et juristes. Cependant, lorsque la question a été discutée lors de la cinquième session du WGIHR en octobre 2023, elle ne constituait pas une préoccupation majeure pour eux. Au cours du débat public, le conseiller juridique de l’OMS a déclaré que l’article 55(2) n’était pas applicable au WGIHR en tant que subdivision de la WHA, sans tenir compte du fait que l’article 55(2) ne prévoit pas une telle distinction et que le WGIHR avait elle l’avait initialement prévu en se donnant comme date butoir janvier 2024. Un coprésident du WGIHR a déclaré que les négociations sur le précédent paquet d’amendements, adopté en 2005, se sont poursuivies jusqu’au matin de la 58e session du WGIHR et qu’il s’agissait d’un précédent erroné. Le RSI, adopté en 1969 et amendé en 1973 et 1981, ne contenait pas une telle règle procédurale pour la soumission d’amendements. Le délai de quatre mois n’était inclus que dans la version adoptée par l’AMH en 2005 et n’est donc valable que depuis lors. Il est donc clair que ce qui s’est passé en 2005 n’a pas violé l’article 55(2) puisqu’il n’existait pas.

Malheureusement, l’AGIHR a accepté la proposition de poursuivre les travaux jusqu’en mai 2024, selon le rapport de la réunion.

5. Les coprésidents ont noté que, se référant à la décision WHA75(9) (2022), il était peu probable que l’ensemble des amendements puisse être finalisé d’ici janvier 2024. Dans ce contexte, le groupe de travail a convenu de poursuivre ses travaux entre janvier et mai 2024. Le Directeur général présentera l’ensemble des amendements convenus par le groupe de travail à la 77e Assemblée mondiale de la Santé.

Nous assistons à une sorte de dissimulation – intentionnelle ou non – de la violation de l’article 55(2) par les dirigeants et les instances supranationales qui légifèrent pour le reste du monde. Les gouvernements n’ont pas non plus été contrariés par les récentes affirmations infondées de l’OMS selon lesquelles elle avait satisfait aux exigences de l’article 55.2 en faisant circuler une série de 308 amendements proposés en novembre 2022, qui ont été largement modifiés ou supprimés au cours de plusieurs cycles de négociations. Ces allégations doivent être rejetées car le texte final doit être disponible quatre mois avant le vote de l’AMS en vertu de l’article 55(2), comme indiqué ci-dessus.

L’ensemble du processus de changement du RSI est désormais devenu un théâtre. Les négociations sur le projet d’accord sur la pandémie et les projets d’amendements au RSI sont probablement les processus intergouvernementaux les plus surveillés de tous. Craignant un avenir dans lequel des bureaucrates de la santé non élus restreindraient les activités privées et commerciales sans surveillance ni responsabilité, le public s’est exprimé et a partagé ses préoccupations avec ses représentants élus. Par exemple, cette lettre ouverte a reçu plus de 14 000 signatures en ligne de citoyens concernés du monde entier. La suppression du délai de quatre mois empêchera non seulement les gouvernements d’examiner correctement le texte avant de le signer, mais signifiera également que le public aura moins ou pas de temps pour exprimer ses préoccupations et son opposition.

Il est vraiment honteux que l’OMS et le WGIHR aient convenu d’ignorer l’article 55(2) alors que cela aurait été l’occasion de démontrer leur sérieux. Il est probable que leurs egos internes et les pressions externes les poussent à se présenter comme des combattants infatigables contre la pandémie, malgré la réponse désastreuse à la COVID-19. Quoi qu’il en soit, le monde entier peut désormais constater à quel point les organismes intergouvernementaux qui ignorent leurs propres règles deviennent la risée. Que reste-t-il de l’État de droit international ?

Les gouvernements ont-ils réalisé qu’ils ont été induits en erreur par les messages répétés du G20, de l’OMS et de la Banque mondiale selon lesquels des pandémies encore plus dangereuses sont à venir et que le monde a besoin de toute urgence de nouveaux accords sur la pandémie ? S’ils reprennent leurs esprits, ils auront peut-être encore le temps d’utiliser l’article 56(5) du RSI pour exprimer leur mécontentement quant à l’interprétation de l’article 55(2) par l’OMS lors de la prochaine ASM et demander un report du vote pour exiger jusqu’à les exigences légales sont remplies.

Article 56 Règlement des litiges

5. En cas de différend entre l’OMS et un ou plusieurs États parties concernant l’interprétation ou l’application du présent Règlement, la question sera soumise à l’Assemblée de la Santé.

S’ils échouent, leur seule option est de voter massivement contre les deux textes sur la pandémie lors de la 78ème AMS.

Y a-t-il encore un espoir de faire respecter l’État de droit dans les enceintes internationales ?

Dr. Thi Thuy Van Dinh (LLM, PhD) a travaillé dans le domaine du droit international à l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime et au Haut-Commissariat aux droits de l’homme. Elle a ensuite géré des partenariats avec des organisations multilatérales pour le Intellectual Ventures Global Good Fund et dirigé le développement de technologies de santé environnementale pour les zones pauvres en ressources.

SOURCE : L’OMS AFFICHE SON MÉPRIS POUR L’ÉTAT DE DROIT INTERNATIONAL