Quand le massacre s’arrêtera-t-il ? Qui arrêtera le massacre ? Comment arrêter le massacre ?

OLJ / Par Zoukak, le 25 octobre 2023 à 20h48

Cette vidéo pour tous les va-t’en guerre !

Par le collectif Zoukak

Au Liban, depuis notre naissance, et même depuis la naissance de nos parents, nous sommes témoins du massacre continu du peuple palestinien.

Massacres, déplacements, arrestations, destructions, effacement de l’identité, étouffement des récits, intimidations, fausses accusations, pauvreté, faim et siège. Gaza est assiégée depuis plus de 16 ans. La Cisjordanie est toujours à demi assiégée et les peuples de Palestine, du Liban, de Jordanie, de Syrie, d’Égypte et des pays voisins en paient le prix depuis plus de soixante-dix ans. Tout cela a été accompli dans le but de créer une patrie historique pour les juifs du monde entier, présentée à l’époque comme « une terre sans peuple pour un peuple sans terre ». Mais d’où venaient ces peuples ? Et qui sont ceux qui languissent dans les camps de réfugiés palestiniens ?

Après les attaques du Hamas du 7 octobre, Israël a lancé une offensive d’une grande envergure et le monde s’est retourné contre les Palestiniens et a justifié leur anéantissement par une armée tyrannique.

N’est-il pas temps d’arrêter le massacre en cours et de mettre fin à la machine de violence et de cruauté sur laquelle le projet sioniste a été construit ?

À Zoukak, nous sommes des créateurs de théâtre.

Le théâtre est notre métier et notre mission. Nous portons nos corps, nos voix, nos mots et notre musique sur scène pour exister. Chacune de nos actions est politique. Aujourd’hui, nous vivons au bord du gouffre. Depuis le Liban, nous observons avec horreur ce qui se passe à proximité, et nous nous souvenons de la douleur qui nous a été infligée et de ce dont nous avons été témoins depuis que nous nous sommes ouverts à cette vie, qui a été une lutte continue, une lutte pour une vie juste et digne, embrassant et protégeant la diversité et la différence. Nous en sommes venus à croire en la séparation de la religion et de l’État et qu’un tel projet donnerait à chaque individu ou groupe le droit d’exister, indépendamment de toute affiliation religieuse ou idéologique. Alors, comment Israël, un État religieux, peut-il être un modèle de « démocratie » et de « monde libre » à l’ère moderne ? Au milieu de tout cela, entre les conflits internes et les guerres et invasions israéliennes, nous avons appris et nous nous sommes entraînés – sans fierté ni joie – à ramasser nos morceaux et à nous dresser contre la destruction, à poursuivre nos histoires ; et l’histoire ne meurt jamais, elle vit, fait boule de neige et grandit, jusqu’à ce qu’elle consume la machine de mort et d’oppression qu’elle contient.

En ce moment, tant que nous avons un minimum de sécurité et que les roquettes et les obus ne tombent pas sur nos têtes, et jusqu’au moment où nous verrons qu’il faut sauver nos corps, nous essaierons de continuer à faire entendre nos voix, nous travaillerons et nous garderons notre théâtre ouvert. Un théâtre qui offre un espace aux individus et à la critique, un lieu de rencontre et de rassemblement autour de la pensée, de la littérature, de l’art et de la musique, autour de l’action politique et de l’action théâtrale, qui crée le possible et affaiblit l’impossible, où nous nous rencontrons en chair et en os, car c’est ce dont nous avons le plus besoin aujourd’hui. Produire une pensée et des actions qui reflètent les profondeurs de notre humanité, car c’est seulement ainsi – et c’est le moins que l’on puisse faire – que nous pourrons survivre ou laisser une trace dans le moment présent. La laideur de la cruauté nous entoure. Ce n’est pas la première fois. Mais ne devrait-elle pas être la dernière ? Comment ? En ce moment, nous pensons aux dures expériences de l’histoire, aux projets politiques qui ont éradiqué des groupes de personnes et des races au nom du pouvoir, des ressources et de l’existence aux dépens des autres. Nous nous souvenons des peuples indigènes d’Amérique, du Canada, d’Australie et d’Europe du Nord, des tribus d’Amazonie et d’Afrique, des minorités dans les grands pays comme la Chine et l’Inde, au Myanmar, au Tibet, en Iran et dans les États arabes. Nous pensons au peuple afghan.

Nous pensons aux colonisations, au droit à l’existence et à la relation à la terre. Nous pensons aux personnes qui vivent chaque jour sous la violence d’armées technologiquement avancées et aux personnes qui souffrent sous la force de la machine militaire en Ukraine, au Yémen, en Libye, au Soudan, en Syrie, en Irak… Nous pensons au génocide arménien, aux victimes des régimes fascistes et à l’holocauste juif qui a laissé une cicatrice indélébile sur la civilisation européenne et dont nous portons les conséquences. Nous pensons à la violence et aux guerres qui ont résulté des politiques coloniales qui mesurent l’éthique sur deux échelles différentes ou plus, nous pensons à tout cela et plus encore… Comment nos espaces peuvent-ils être des lieux d’action et de pensée qui créent des possibilités pour l’avenir ? Des lieux critiques pour les valeurs de justice, de liberté et de vie ? Qui a la réponse ? Nous ne l’avons peut-être pas maintenant, mais se plier aux machines de propagande populaire, c’est la mort même, et nous sommes toujours vivants, nous ne sommes pas encore morts. La mort en Palestine nous nargue aujourd’hui. Le génocide à Gaza créera un trou noir dans la conscience de l’humanité. Rencontrons-nous. Parlons. Écrivons, produisons du théâtre, de la musique, de la pensée et de l’art si nous le pouvons. D’autre part, rappelons-nous que l’homme est l’ennemi de ce qu’il ne connaît pas. Et tout en produisant, écoutons attentivement. L’histoire est ouverte devant nos yeux, et l’histoire est maintenant devant nous, pas seulement derrière nous. Et que cette discussion et cette conversation se poursuivent.