Contrôle de la population, santé numérique, business pandémique: des « plans de lutte » qui menacent la démocratie
Traité Pandémie, Règlement Sanitaire International et Politique «Une seule santé» : à travers ces différents instruments, l’OMS sera-t-il l’organe exécutif de la gouvernance mondiale ?
Lors de la prochaine Assemblée mondiale de la Santé, fin mai 2024, Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur de l’OMS, et son armée d’experts et de lobbyistes, tenteront un tour de force : prendre les pleins pouvoirs et transformer cette agence onusienne de conseil en un organe de direction et de centralisation.
La journaliste Senta Depuydt a suivi cette saga durant deux ans, a présenté les enjeux essentiels de ces prochaines tractations dans une conférence récente. Elle y a aussi relaté les différents épisodes qui ont mené à la réécriture des textes, face à la mobilisation croissante de lanceurs d’alerte, politiques et mouvements citoyens, pour rejeter ces accords. Travail à huis clos, langage opaque, dépassement des délais prescrit, l’on comprend comment les parties intéressées s’y prennent pour contourner tous les processus et garde-fous démocratiques afin de réaliser leurs objectifs.
Tout surveiller, tout contrôler, tout détecter
…et ouvrir de nouveaux marchés
Avec la santé au coeur de la politique de l’urgence, l’OMS aura une place centrale dans un système de gestion supranational organisé entre les différentes agences onusiennes. Selon le ‘Traité pandémies’ (ou “Accords de convention et protocoles”) et la version révisée du Règlement sanitaire international, son directeur serait habilité à déclarer, à lui seul, des urgences sanitaires réelles et potentielles. L’OMS aurait ensuite pour mission de recommander, voire imposer, tout le cortège des “mesures pandémiques”, y compris des quarantaines ou des mesures de vaccination.
Entre deux urgences, son rôle est de développer et de gérer les réseaux de surveillance des personnes et des microbes, en particulier avec le réseau mondial de certificats de santé numériques (ou ‘passes sanitaires’).
Par ailleurs, avec la politique “One Health, Une seule santé”, l’organisation pourrait s’immiscer dans l’ensemble des activités humaines, du climat à l’information, en passant par l’éducation, les transports, le logement, la nourriture, la culture, l’aide sociale, les activités économiques, le sport et même “les habitudes comportementales”.
Contourner les processus démocratiques
La journaliste relate comment, suite à l’épisode de la ‘variole du singe’ lors de la 75ème assemblée mondiale de la santé, Tedros et ses partenaires ont échoué à imposer en urgence la révision du Règlement sanitaire international. Un certain nombre de pays se sont alors réveillés pour dénoncer les atteintes à leur souveraineté nationale et condamner les violations des droits fondamentaux. Face à ces critiques, les rédacteurs du traité ont finalement été forcés de jeter leurs premières copies et d’opérer un changement de langage significatif. Mais malgré une formulation plus séduisante, les objectifs fondamentaux restent inchangés.
Hors délai pour soumettre les textes, il n’est pas certain que le Traité pandémie soit adopté lors de la prochaine assemblée. Par contre, le risque de voir les éléments les plus contraignants passer dans les amendements du Règlement sanitaire international est élevé. Enfin, il est possible que seuls certains éléments ‘essentiels’ soient adoptés, comme par exemple le certificat de Santé numérique international, la création d’un réseau de laboratoire pour détecter (et breveter) les nouveaux pathogènes ou la “lutte contre la désinformation” sur les réseaux sociaux.
La rencontre s’achève sur les différents arguments et moyens d’action à mettre en oeuvre pour empêcher l’adoption de ces instruments, qui s’inscrivent en droite ligne dans le déploiement du ‘Grand reset’.