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Jeudi, 2 février 2023 16:28 MISE À JOUR Jeudi, 2 février 2023 16:35
Une étude révèle que le médicament contre la COVID-19 de Merck provoque de nouvelles mutations virales; des experts craignent que son utilisation en Chine ne crée un tout nouveau variant.
L’étude met en garde contre le fait que l’antiviral Lagevrio de Merck, aussi appelé molnupiravir, qui vient d’être autorisé en Chine, provoque de nouvelles mutations du coronavirus.
Des chercheurs américains et britanniques ont identifié les nouvelles mutations dans des échantillons viraux prélevés sur des dizaines de patients ayant reçu le traitement.
Les modifications apportées au virus ne l’ont pas rendu plus mortel, ou plus infectieux, mais les experts estiment que cela compromet les risques liés aux médicaments qui agissent en modifiant le code génétique du coronavirus.
Si le molnupiravir a rarement été utilisé aux États-Unis ou au Royaume-Uni, son utilisation vient d’être autorisée en Chine, où les autorités s’appuient sur des vaccins et des traitements relativement médiocres pour faire face à la vague dévastatrice qui frappe le pays.
Un expert prévient que cette utilisation peut conduire à l’émergence de nouveaux variants. Il a même qualifié d’«inquiétante» l’utilisation continue du Lagevrio dans certaines parties du monde.
Depuis des mois, les autorités mettent en garde contre les taux d’infection extrêmement élevés en Chine. Des experts craignent que 250 millions d’infections aient frappé le pays au cours du seul mois de décembre.
Les craintes que le molnupiravir puisse provoquer des mutations sont apparues à peu près au moment où la Food and Drug Administration (FDA) a avalisé son utilisation fin 2021.
Le médicament agit en créant des mutations dans le génome du COVID, ce qui l’empêche de se répliquer dans l’organisme.
Alors qu’il était initialement considéré comme une percée, le Lageviro s’est fait dépasser par le Paxlovid de Prfizer en tant qu’antiviral COVID de choix dans le monde entier, mettant depuis un an sur la touche le médicament de Merck.
Craintes à l’international
La dernière étude a été publiée en ligne sous forme de préimpression et n’a pas été examinée par des pairs.
L’équipe, qui comprenait des experts du Francis Crick Institute de l’Imperial College London et de l’université de Cambridge, a examiné 13 millions de séquences d’ARN du virus responsable du COVID.
Ils ont analysé la composition nucléique des brins d’ARN pour rechercher des indications selon lesquelles le virus aurait muté à cause du médicament.
Dans des centaines d’échantillons, ils ont trouvé des preuves selon lesquelles le médicament aurait bel et bien provoqué une réplication.
Presque toutes les détections ont été faites dans des échantillons recueillis en 2022, soit l’année où le médicament Lagevrio a été mis à disposition dans le monde entier, ce qui indiquerait qu’il soit en cause.
«Il est possible que certains patients traités par le molnupiravir ne se débarrassent pas complètement des infections par le SRAS-CoV2, ce qui pourrait entraîner une transmission ultérieure de virus mutés par le molnupiravir», ont écrit les chercheurs.
Merck, dont le siège est à Rahway, dans le New Jersey, a contesté le rapport, affirmant qu’il n’y a aucune preuve que le molnupiravir ait contribué aux variants de COVID, ou qu’il pourrait le faire à l’avenir.
«Les données des essais cliniques ont démontré que l’utilisation du molnupiravir entraîne un déclin rapide de l’infectivité virale», a déclaré un porte-parole de Merck au Daily Mail.
«Les auteurs supposent que ces mutations sont associées au traitement par le molnupiravir sans preuve que les séquences virales aient été isolées chez des patients traités, se basant sur des associations circonstancielles entre l’origine des séquences virales et la période de collecte des séquences dans les pays où le molnupiravir est disponible pour tirer leurs conclusions», a ajouté le porte-parole.
Un médicament «dangereux»
Certains experts avaient signalé la possibilité que le médicament ne provoque des mutations inquiétantes dès la fin de l’année 2021.
Le Dr Richard Ebright, biologiste moléculaire à l’université Rutgers, dans le New Jersey, faisait partie de ces experts.
Il a déclaré jeudi au Daily Mail: «L’utilisation du molnupiravir dans n’importe quel pays contribuera à l’émergence de nouveaux variants du SRAS-CoV-2.
«Compte tenu de l’efficacité médiocre – essentiellement nulle – du molnupiravir contre le SRAS-CoV-2, et compte tenu de la forte activité mutagène du molnupiravir et de sa contribution à l’émergence de nouveaux variants du SRAS-CoV-2, il est inquiétant que le molnupiravir soit utilisé n’importe où, à n’importe quel moment, pour le traitement du SRAS-CoV-2», a-t-il ajouté.
Le Dr William Haseltine, connu comme l’un des plus grands experts mondiaux de l’analyse du génome humain, a averti fin 2021 que le mode de fonctionnement du médicament ouvrait la porte au danger.
«Vous mettez en circulation un médicament qui est un puissant mutagène à un moment où nous sommes profondément préoccupés par les nouveaux variants», avait-il déclaré à Forbes, avant d’ajouter : «Je ne peux pas imaginer faire quelque chose de plus dangereux.»
«Si j’essayais de créer un nouveau virus plus dangereux pour l’homme, je donnerais une dose subclinique [de molnupiravir] aux personnes infectées», avait-il poursuivi.
L’utilisation du médicament a été autorisée par la FDA en décembre 2021. L’autorisation a été controversée par certains experts en raison des inquiétudes concernant les mutations du virus.
Il a cependant montré sa capacité à réduire de 50 % les hospitalisations et les décès dus au virus lors des essais cliniques.
Peu de temps après, le Paxlovid de Pfizer a été approuvé. Avec une efficacité supérieure de 90 % contre les hospitalisations et les décès – et sans les nombreuses préoccupations concernant les mutations du virus – ce dernier est rapidement devenu le médicament de choix pour lutter contre le COVID en Amérique.
Si le molnupiravir a été peu utilisé dans la majeure partie du monde occidental, ses versions génériques ont été utilisées dans les pays moins développés.