Courrier international – Publié le 21 juin 2023 à 14h39
Le journal le plus lu d’Allemagne fait l’objet d’un vaste remaniement. Parmi les mesures envisagées : le remplacement de postes éditoriaux par des logiciels d’intelligence artificielle.
Les collaborateurs du tabloïd Bild sont déjà confrontés aux répercussions de l’intelligence artificielle (IA) sur le monde du travail. Selon la Frankfurter Allgemeine Zeitung, le journal le plus lu d’Allemagne subit actuellement les conséquences d’un vaste “plan d’économie de 100 millions d’euros”, lancé par le groupe Axel Springer.
Des remaniements, incluant l’arrêt de plusieurs éditions régionales du titre et le renvoi d’une partie de la direction, sont prévus. Mais surtout, “l’intelligence artificielle va remplacer certains rédacteurs” du journal conservateur. Une mesure fortement critiquée par l’association des journalistes allemands.
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Un mail adressé à la rédaction du tabloïd prouve, selon le journal de Francfort, qu’“en ce qui concerne l’IA Springer n’en est plus au stade de la discussion, mais de l’application”. Le groupe de médias y assure avoir tenté de trouver des “solutions constructives” et d’éviter un maximum de licenciements.
Mais “nous sommes malheureusement dans l’obligation de ‘nous séparer de collègues dont les missions peuvent être assurées par l’IA ou des process dans le monde numérique, ou [de salariés] dont les capacités actuelles n’ont pas leur place dans la nouvelle organisation’”, écrivent ses dirigeants.
Se tourner vers le numérique
Au total, environ 200 licenciements sont envisagés – tous n’étant pas liés au développement d’outils utilisant l’IA. Le nombre d’exemplaires imprimés de Bild n’a en effet cessé de diminuer ces dernières années, même si celui-ci atteignait encore 1,1 million de ventes à la fin de 2022.
Face à ces résultats, le chef d’Axel Springer, Mathias Döpfner, avait annoncé en février une stratégie davantage tournée vers le numérique. Pour lui, “cela signifiait ‘non seulement l’adieu au papier, mais aussi une redéfinition fondamentale de ce qu’est le journalisme de qualité à l’ère du numérique’”.
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À l’époque, le patron de presse avait déjà vanté les mérites de l’IA. Il estimait que seuls les “meilleurs contenus” journalistiques, comme le commentaire ou l’enquête, finiraient par être produits par des humains. Des outils comme l’agent conversationnel ChatGPT pourraient “améliorer le travail de journaliste indépendant, ou même le remplacer”, avait-il déclaré.
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