Par Jean-Dominique Michel, anthropologue de la santé, référent en santé publique de Covidhub.
La disparition récente de l’immense chercheur, Prix Nobel de médecine, aura créé un embarras certain auprès des autorités et des médias. Alors que son envergure et le rôle historique qu’il a joué auraient dû lui valoir un hommage national, il aura eu droit à un silence gêné, accompagné d’ultimes dénigrements posthumes franchement indignes.
J’ai eu l’occasion de m’entretenir avec lui à plusieurs reprises, et garde un précieux souvenir du soin avec lequel il avait pris le temps de m’expliquer les recherches qu’il était en train de mener dans son laboratoire genevois. Ainsi que de l’appréciation et du soutien qu’il avait eu la bonté de m’exprimer quant à mon travail d’éclairage sur la gestion sanitaire problématique du Covid.
Les axes de la défense de l’intégrité scientifique, ainsi que du droit des médecins à soigner et des patients à être soignés, lui tenaient particulièrement à cœur. « Il faut absolument empêcher que la médecine soit asservie à des logiques vénales au détriment des intérêts des patients et des soignants » insistait-il. « Je vous suis gré de l’énoncer avec vigueur et clarté ».
Tout le monde connaît le rôle que joua Luc Montagnier dans l’identification du VIH, ainsi que sa longue carrière à l’Institut Pasteur, puis à New York et Shanghai. Il dut sa réussite à sa capacité hors normes de synthétiser les connaissances existantes et de les porter plus loin par des intuitions souvent géniales.
Esprit libre et ouvert, il avait pour fondamentale ambition d’aller plus loin que le consensus établi pour progresser dans la compréhension de multiples questions posées à la science. En ce sens, Luc Montagnier incarnait précisément l’esprit de la recherche.
Des dupes et des pas dupes
Déjà en délicatesse avec cette nouvelle entité douteusement appelée « communauté scientifique » pour des recherches aux confins du savoir actuel, le Pr Montagnier s’était fait carrément mal voir en annonçant sans ciller sa conviction, dès le mois de mars 2020, que le Sars-CoV-2 était une chimère, c’est-à-dire une créature issue de la manipulation génique d’un coronavirus de chauve-souris.
Par une ironie de la (sale) histoire, on a appris depuis que les autorités américaines (et en particulier le Dr Anthony Fauci, directeur de l’agence de santé américaine NIAID ) avaient été informées dès le mois de janvier que le nouveau coronavirus était selon toute vraisemblance une création du laboratoire P4 de Wuhan d’où il se serait échappé.
- Pour lire « The Lab Leak: The Plots and Schemes of Jeremy Farrar, Anthony Fauci, and Francis Collins » sur le site du Brownstone Institute : cliquer ici.
On a appris depuis comment le Dr Fauci avait alors manipulé l’opinion en mobilisant 27 virologues de différents pays pour qu’ils publient une tribune dans The Lancet, affirmant que l’hypothèse en question était rien moins que… conspirationniste ! C’est donc évidemment l’étiquette désobligeante qui fut collée à Luc Montagnier et à tous ceux qui faisaient preuve d’un minimum de sagacité et d’indépendance d’esprit.
Plus tard, le Pr Montagnier se fit connaître par son opposition ferme à l’expérimentation génique improprement appelée « vaccin anti-Covid », dont il ne cessa jusqu’à sa mort de dénoncer les risques, ainsi que les fraudes scientifiques.
Bref, un engagement lui ayant valu les foudres des pouvoirs politiques et des médias, le faisant passer pour « Complotiste public n°1 » et ne reculant devant aucune bassesse pour chercher à le décrédibiliser. Parmi les ficelles les plus vilaines, on chercha à tirer profit de son âge pour le faire passer pour gâteux… alors que tous ceux qui l’ont accompagné au cours de ses dernières années insistent à l’inverse sur à quel point ses facultés intellectuelles étaient restées intactes.
D’autres insistèrent un peu graveleusement sur les inimitiés ou les critiques qu’il soulevait avec ses recherches au sein d’une certaine communauté scientifique. Comme si le propre d’un chercheur était de chercher là où tout le monde est déjà d’accord.
Source : La Liberté – Fribourg (Suisse)
Ou encore l’étiquetage parfaitement imbécile (comme vient de l’affirmer haut et fort le Pr Didier Raoult) d’ »antivax », au motif qu’il était opposé à cette expérimentation génique-là !
Le dernier des Mohicans ?
L’animosité que Luc Montagnier avait polarisée sur lui du fait de ses positions se traduisit par le silence des autorités politiques. Les médias se montrèrent également empruntés. Le philosophe René Chiche affirma pour sa part que Luc Montagnier avait anticipé de les mettre dans l’embarras. Nous ne sommes pas en mesure de dire si l’information est exacte, mais comme disent les Italiens : se non è vero è ben trovato !
Après avoir perdu du temps en ne sachant pas si l’annonce du décès du Pr Montagnier était une « fake news » ou pas, la presse subventionnée se trouva face à un nouvel écueil : alors qu’elle ne recule plus guère devant quoi que ce soit pour porter atteinte à la réputation des meilleurs médecins et scientifiques dès lors qu’ils s’écartent de la propagande « vaccinale », on comprend qu’il était malgré tout difficile de chercher à salir la mémoire d’un Prix Nobel fraîchement décédé.
On trouva tout de même quelques « exécutants des basses œuvres » pour y aller de leurs « élégances », comme bien sûr le quotidien Libération ou, en Suisse, la mal nommée « Liberté ». Ses illustres journalistes – dont la stature leur permet, n’est-ce pas, de prendre de haut n’importe quel menu fretin de Prix Nobel – soulignèrent ainsi à l’envi que Luc Montagnier était « décrié » pour ses recherches.
J’suis bête mais je me soigne ?
L’argument est tellement bête qu’il mérite le détour, le propre de la recherche étant d’explorer des pistes non-consensuelles. Imaginerait-on Galilée se limitant au consensus d’alors que la Terre était forcément fixe et immuable, au centre de l’univers? Qu’aurait rédigé par hypothèse la Liberté à son sujet?
Quand la « science » et la « presse » dérivent dans la religiosité fanatique, ce n’est jamais bon signe.
Si les pistes de recherche « hors-consensus » aboutissent, ce sont de nouveaux pans du savoir qui sont alors défrichés. Et si elles se trouvent invalidées par l’expérience, cela permet utilement de savoir que ce n’est pas dans cette direction qu’il faut chercher. Critiquer un scientifique de l’envergure de Luc Montagnier pour sa détermination à explorer des territoire inconnus (et donc évidemment spéculatifs) est d’une stupéfiante ineptie.
La vraie dissonance est donc celle entre un esprit libre venant de s’éteindre, fut-il aussi capé que Luc Montagnier, et un monde où la police de la pensée et le conformisme moralisant se sont substitués à la science, avec la créativité, la liberté et l’honnêteté dont elle a nécessairement besoin.
Hormis donc le silence lamentable des autorités françaises et les bassesses d’une certaine presse, nombre d’esprits éclairés se firent fort de rendre hommage à ce grand Monsieur et cet immense scientifique qu’aura été Luc Montagnier.
En hommage à sa mémoire, nous en donnons ici un petit florilège en lui disant à notre tour modestement :
Au revoir, Professeur, au revoir et surtout : MERCI pour la générosité et la liberté que vous incarniez avec tant d’élégance et d’humanité !