L’analyste et ses collègues ont récupéré plus de 2’000 documents officiels des autorités allemandes.
Senta Depuydt – 5 octobre 2024
Entretien de Senta Depuydt avec Tom Lausen, complété de documents officiels en fin d’article.
Sous-titrage: Jeanne Traduction
Dossiers du RKI (Institut Robert Koch), fraudes à l’Institut Paul Ehrlich: suite aux différents scandales qui ont été révélés ces derniers mois sur les mesures sanitaires en Allemagne, il nous a paru important d’approfondir la situation dans un entretien avec l’un des principaux experts impliqués dans ces démarches.
En effet, ce que l’on découvre sur l’Allemagne revêt une importance toute particulière, pour plusieurs raisons.
L’Allemagne est le pays le plus peuplé d’Europe. Elle possède donc les bases de données les plus larges et, grâce à sa haute réputation scientifique, elle fait autorité sur les institutions européennes, comme l’Agence européenne des médicaments.
Durant la pandémie, le rôle de l’Allemagne a été capital pour toute la réponse sanitaire en Europe. C’est d’Allemagne que sont venus les tests PCR de “dépistage du Covid” du fameux Christian Drosten. C’est d’Allemagne qu’est venu le premier vaccin ARNm (BioNtech) à être autorisé et ensuite commercialisé par Pfizer. C’est l’Institut Paul Ehrlich qui a traité son dossier d’autorisation et qui est chargé des études de pharmacovigilance.
Rappelons encore que c’est une Allemande à la tête de la Commission européenne qui a négocié en solo les contrats d’achat des vaccins Covid pour les 450 millions d’Européens et que – on l’oublie trop souvent – au premier semestre 2020, l’Allemagne avait la présidence de l’Union européenne.
L’homme qui questionne inlassablement les autorités
Qui est ce citoyen qui défie le Ministère de la Santé en Allemagne?
Tom Lausen n’est pas un lanceur d’alerte dans le sens où il n’est pas un dénonciateur qui provient de l’intérieur du système. C’est un analyste professionnel indépendant qui a entrepris de questionner par lui-même les autorités sanitaires en vertu des lois de transparence à l’information.
En tant que citoyen allemand, son travail se base uniquement sur les données de son propre pays. D’une part, l’Allemagne est censée avoir des données hautement fiables: ses institutions scientifiques sont à la pointe et servent de référence à l’Agence européenne des médicaments.
Ensuite, lorsqu’il s’agit de questionner les politiques sanitaires de manière officielle, que ce soit au niveau scientifique ou juridique, il n’y a généralement que les données nationales qui sont prises en compte. Comme le rappelle Tom Lausen:
En Allemagne, nous sommes connus pour être rigoureux. L’avantage c’est qu’il y a donc énormément de protocoles et de réglementations qui sont mises en place. Une fois qu’on y a accès, cela nous permet d’analyser ce qui s’est vraiment passé.
Ceci explique donc pourquoi sa démarche est empreinte d’une rigueur similaire et n’inclut que les réponses et les diverses données que lui-même ou ses collègues ont pu obtenir grâce à la loi sur la transparence des document administratifs.
2000 documents officiels
En comptant les courriels et les données récoltées auprès des instituts scientifiques tels que l’Institut Robert Koch (le RKI), l’Institut Paul Ehrlich (le PEI) et les autorités de santé au niveau de l’État fédéral, des États fédérés et au niveau local, Tom Lausen a constitué un corpus de plus de 2000 documents officiels pour appuyer ses conclusions.
Le tableau qu’il dresse avec d’autres experts indépendants est sans ambiguïté: en Allemagne, il n’y a pas vraiment eu de pandémie. Durant plusieurs mois, les hôpitaux sont restés vides, le Covid a surtout été une pandémie de tests et un exercice de propagande, dirigé par le politique. Les documents censés justifier les différentes mesures comme les confinements ou l’imposition du masque le démontrent amplement.
Mais c’est surtout ce qui concerne la “politique 2G” (l’obligation d’avoir soit un certificat d’immunité après la maladie soit un certificat de vaccination) et la politique vaccinale qui démontrent le côté obscur de cette gestion.
Les études obligatoires n’ont pas été faites
Tom Lausen explique également comment les Instituts Robert Koch et Paul Ehrlich ont abandonné leur indépendance scientifique en se soumettant aux directives fédérales. Ils ont été complices des communications de propagande visant à exagérer la gravité de la situation sanitaire et à minimiser les risques liés aux vaccins. Ils ont également menti à propos de la sécurité et de l’efficacité des injections, alors qu’ils n’en avaient pas évalué la sûreté.
Durant les 4 dernières années, nous avons constaté que l’Institut Paul Ehrlich n’a rien fait à part d’attendre des signalements individuels d’effets indésirables. Ils n’y ont d’ailleurs donné aucune suite et n’ont jamais investigué ces rapports pour établir un lien de causalité ou faire le moindre suivi.
Selon Lausen, vu le manque de données pour effectuer l’évaluation préalable à l’autorisation de mise sur le marché, il aurait fallu compenser par une pharmacovigilance active et renforcée. C’est ce qui était prévu de manière explicite dans la loi pandémie qui a été votée en novembre 2020, mais cela n’a tout simplement pas été fait.
La loi confiait au PEI (Institut Paul Ehrlich) la mission expresse d’effectuer des études de sûreté des vaccins à partir des données transmises par les caisses d’assurance maladie et d’en faire un rapport trimestriel. Mais, le PEI n’a malheureusement “jamais été en mesure de le faire” parce qu’on ne lui a pas transmis les données sous forme anonyme.
Par ailleurs, l’Institut a également failli à une autre de ses missions primordiales, qui consiste à investiguer les décès post-vaccinaux.
Nous avons 3’315 décès signalés dans les 42 jours qui ont suivi la vaccination et aucun d’eux n’a été analysé. L’Institut s’en est tiré en disant qu’aucune autopsie n’avait été commandée et donc que ce n’était certainement pas lié aux vaccinations.
Ce sont les médecins des autorités locales, qui signent les certificats de décès, qui sont habilités à demander une autopsie. En pratique, il n’y en a presque pas eu et donc l’Institut a déclaré que ce n’était pas la peine d’enquêter sur les décès.
La réalité des données locales
Lausen explique ensuite comment une seule autorité de santé locale sur 400 a démontré qu’il y avait un lien entre les décès et les vaccinations: il suffisait de demander aux agents de police de vérifier les passeports sanitaires des personnes décédées seules à domicile. Cette initiative a donc permis de procéder à plus d’une cinquantaine de signalements, là où le reste du pays n’en avait aucun.
Plus tard, des Parlements de certains États fédérés, comme celui du Brandebourg, ont organisé des commissions d’enquête sur la réponse sanitaire et ont interrogé certains responsables de la pharmacovigilance.
Une cheffe de département du PEI a déclaré que l’Institut avait reçu tellement de signalements concernant les décès et les myocardites qu’ils avaient dû embaucher des dizaines de personnes en urgence pour gérer l’afflux, mais que malheureusement il n’avait pas été possible d’enregistrer tous ces cas, car le personnel n’était pas formé.
Ici aussi…rien n’a été communiqué, ni par les autorités, ni par les médias.
Ping-pong public
En octobre 2020, avant le vote de la Loi Covid, le Ministère fédéral de la Santé avait demandé à l’Institut Paul Ehrlich quelles données il fallait leur transmettre pour évaluer l’impact de la vaccination, de la manière la plus fiable qui soit.
Mais en 2024, ces données n’avaient toujours pas été communiquées, ni analysées. Tom Lausen a pu retracer la correspondance entre le PEI et le Ministère de la santé. Celle-ci reflète un échange de courriels d’excuses pro forma, plutôt qu’une intention réelle de procéder à l’évaluation de la sûreté des vaccins. On imagine mal qu’en 3 ans un pays comme l’Allemagne ne soit pas capable de faire ce travail.
Initiatives indépendantes
En décembre 2021, Tom Lausen et ses collègues avaient obtenu les informations nécessaires auprès des caisses d’assurances, soit une base de données reprenant les remboursements de près de 72 millions d’assurés. Elle a révélé une augmentation sensible de nombreuses conditions médicales, ainsi que des troubles cardiaques et des décès suite à l’introduction des vaccins Covid en Allemagne.
Avec les révélations récentes des dossiers de l’Institut Robert Koch, les médias ont timidement levé le coin de voile des dommages vaccinaux en Allemagne.
Mais, si le politique et les médias restent timides, les initiatives citoyennes ne manquent pas, notamment sur le plan juridique. Médecins, juristes et patients multiplient les initiatives en s’appuyant sur les résultats de ces travaux.
La presse indépendante ne chôme pas non plus. Elle sort des dossiers sur les différents acteurs de la réponse sanitaire et les invite à répondre publiquement aux questions qui leur sont adressées.
Tom Lausen ne compte pas s’arrêter là. Il a déjà publié un livre nommé Die Intensiv mafia qui parle de l’argent dont a bénéficié le système hospitalier en participant aux mensonges des mesures sanitaires. Un second volume s’intitule Die untersuchung (l’enquête) et un troisième est en préparation.
Comme des milliers d’Allemands, il est déterminé à aller jusqu’au bout de cette histoire.
Documents transmis par Tom Lausen pour compléter cette interview:
Courriers entre le Ministère de la Santé et le PEI pour rappeler la nécessité d’analyser les données des caisses d’assurances-maladie. Le Ministère de la Santé rappelle que cette obligation rentre aussi dans le cadre de la pharmacovigilance européenne.
Document mentionné à 55min: 3’300 pages d’effets indésirables rapportés à l’Institut Paul Ehrlich pour le seul mois de juillet 2021.
Document où l’Institut Paul Ehrlich explique qu’il leur manque des données anonymisées et sollicite la collaboration de l’Institut Robert Koch et des administrations fédérales pour le faire.
Juin 2022: fichier de la correspondance entre les diverses autorités sanitaires suite à l’ initiative du député Martin Sichert pour connaître les principaux effets indésirables associés aux vaccins Covid, sur la base des données transmises par les caisses d’assurance.
Fichier des caisses d’assurance sur l’augmentation des codes diagnostics liés aux décès.